Les abattus, Noëlle Renaude, Editions Rivages.


Un jeune homme sans qualité relate ses années d’apprentissage entre 1960 et 1984 dans une petite ville de province, au sein d’une famille pauvre et dysfonctionnelle. Marqué par la poisse, indifférent au monde qui l’entoure, il se retrouve néanmoins au centre d’événements morbides : ses voisins sont assassinés à coups de cutter, son frère cadet commet un braquage et disparaît avec le magot, des malfrats reviennent régler leurs comptes, une journaliste qui enquêtait sur le narrateur est retrouvée noyée, etc., jusqu’au jour où lui-même disparaît sans laisser de traces. Dans la deuxième partie, situé en 1984, son entourage cherche à comprendre ses motivations, le considérant tantôt comme une victime, tantôt comme un importun, tantôt comme un suspect.





Le confinement actuel que nous subissons afin d'enrayer la propagation du coronavirus me laisse du temps pour rattraper mon retard de lecture.
Aujourd'hui, je vous présente "Les Abattus" de Noëlle Renaude, un ouvrage publié le mois dernier chez Rivages/Noir. 
Tout commence dans les années 60, avec la naissance du narrateur, dont ne connaîtra jamais le prénom, dans une famille pauvre, père alcoolique qui prend la poudre d'escampette un soir d'ivresse et qui laisse sa femme seule avec trois garçons. Et dont les deux premiers martyrisent le petit dernier, le narrateur.
Pourtant, c'est le seul qui semble vouloir s'en sortir correctement. Il y a bien l'aîné mais celui-là, est un peu fade. Le cadet prend des chemins de traverses.
Ainsi va la vie. La famille déménage, survit plutôt que vit. C'est le désoeuvrement et la misère à la Zola. On encaisse les coups du narrateur, né vraiment sous une mauvaise étoile. Il le sait, alors il s'accroche à ses études, passe son bac et l'obtient juste juste.
Sa mère se met en ménage avec Max. Bourru et violent au départ.
Il s'arrête là, n'ayant du talent pour rien. Un type médiocre. Sans plus. Fade lui aussi. Alors il trouve un travail dans une banque et fait sa vie tout seul. Sa mère s'est balancée sous un train. Il est resté avec Max et la demi-soeur née entre temps. Ola. Qui ne fait rien à part manger.
La première partie est déroutante. L'auteur décrit les vingt premières années de la vie du narrateur sans complaisance ni pathos. On assiste à sa misérable existence.
Et puis, il y a ce double meurtre chez les voisins du dessus.
Et tout s'enchaîne.
La deuxième partie du roman ne dure qu'un an. Tout s'accélère et prend un tour nouveau.
Dans la dernière partie "les fantômes" le lecteur assiste au dénouement de l'intrigue. Les réponses sont dévoilées.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour sa construction et son écriture qui peut paraître déroutante de prime abord. Il n'y a pas de dialogue présentés par des tirets, les discours s'enchaînent entre les virgules. Il faut être vigilant. Qui dit quoi ? On n'a pas loupé un truc, là ? Mais c'est ça qui en fait la force, ça va vite, c'est aride comme les sentiments des personnages, sec comme un coup de trique.
Fresque sociale, thriller machiavélique, "Les abattus" est les deux à la fois. Il n'y a pas de meurtres planifiés juste des concours de circonstances, on ne naît pas méchant, on le devient par la force des choses, par les aléas de la vie, par les (mauvaises) rencontres que l'on fait.

J'ai beaucoup aimé également l'évocation de la fin des années 80 et le début des 90 qui ont vu débarquer un virus mortel mais je n'en dirai pas plus pour le moment.

Un mot sur l'auteur : Noëlle Renaude a écrit de nombreuses pièces de théâtres et autres romans souvent sous des pseudonymes différents. Elle a aussi interprété un rôle dans l'adaptation du roman de Leïla Slimani "une chanson douce".

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