La Frontière, Don Winslow, Harper Collins noir.



Art Keller, ancien agent de la DEA, est recruté par le sénateur républicain O’Brien pour participer à une opération officieuse au Guatemala : aider le cartel de Sinaloa, dont la mainmise sur le Mexique assure un semblant de stabilité à la région, à se débarrasser d’une organisation rivale sanguinaire, Los Zetas. La rencontre organisée entre les dirigeants des deux cartels tourne au bain de sang : les trafiquants s’entretuent et le parrain de Sinaloa disparaît. Keller retourne alors au Mexique, où il retrouve la femme qu’il aime, Marisol. Maire d’une petite ville, celle-ci résiste vaillamment aux cartels, malgré la tentative d’assassinat qui l’a laissée infirme quelques années plus tôt.

Quand O’Brien propose à Keller de prendre la tête de la DEA, il y voit l’occasion de lutter contre les organisations qui sèment la mort en Amérique. Il accepte.

Après quatorze années consacrées à l’écriture de la trilogie Cartel, Don Winslow conclut l’épopée d’Art Keller avec un réquisitoire sans appel contre la gestion corrompue de la guerre anti-drogue par les gouvernements en place.

DON WINSLOW est l'auteur de dix-neuf romans traduits en une vingtaine de langues, dont les best-sellers Cartel (Seuil, 2016) en cours d'adaptation au cinéma par Ridley Scott, et La griffe du chien (Fayard Noir, 2007). Il vit en Californie.


Troisième et semble t-il dernier tome de la saga Art Keller, La Frontière est dans la même veine que la Griffe du chien et Cartel. Don Winslow reprend les ingrédients qui on fait le succès des deux premiers romans : des complots, des luttes de pouvoirs, de la violence et une étude chirurgicale des procédés mis en oeuvre par les différents cartels pour étendre leur pouvoir en Amérique Centrale et aux Etats-Unis.
Art Keller, infatigable agent de la DEA qui a passé une grande partie de sa vie à traquer le boss du cartel, Adan Barrera, est devenu le directeur de l'agence de lutte contre la drogue. Il va donc quitter avec sa femme le Mexique et s'installer à New York. Près du pouvoir. Mais ses méthodes ne vont pas plaire à tout le monde. De là à voir que certaines personnes très influentes ne veulent pas que la guerre contre la drogue s'arrête, il n'y a qu'un pas. Et cela va être le cheval de bataille de Keller. Il va donc changer de stratégie. Il a compris que sa lutte directe contre les chefs de cartels ne mènent pas à l'éradication du trafic de drogue. Il va s'attaquer aux financeurs et aux blanchisseurs.
Parallèlement, le trafic continue plus que jamais de l'autre côté de la frontière. La place du chef devient vacante au Sinaloa. L'occasion pour les prétendants pour monter sur le trône.
Dans ce très long roman, on retrouve des personnages croisés dans les premiers livre de Don Winslow. On fait également la connaissance de personnages secondaires, parfois juste le long de quelques chapitres, parfois plus longuement mais qui donnent du corps et un contexte plus général au récit.
Le lecteur comprendra aisément que la frontière est floue. Le trafic de drogue entre tellement dans l'économie mondiale que l'éradiquer complètement paraît compliqué voir impossible. L'argent gagné est réinjecté dans des grands programmes immobiliers, d'hôtellerie ou autres et génèrent de nombreux emplois. Ce sera toute la lourde tâche de Keller qui va alors devoir se frotter aux réalités politiques.
Roman passionnant et très instructif comme l'étaient "La griffe du chien" et "Cartel", "La Frontière" clôt la trilogie de manière brutale et pessimiste. L'auteur connaît -mais on n'en doutait pas- très bien le sujet et distille de nombreuses anecdotes réelles et violentes dans le récit. Des scènes tellement surréalistes qu'il n'aurait pas pu les inventer lui-même et qui décrivent une réalité sordide.

S'il faut avoir lu les deux autres romans avant celui-ci : je dirais c'est mieux car le lecteur comprendra plus aisément le rôle et le passé des protagonistes. On peut bien sûr ne lire que celui-ci mais ce serait se priver de toute l'analyse de Don Winslow sur le problème de la drogue depuis les années 70.

Roman disponible aux éditions Harper Collins. 



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