Topographie de la terreur, Régis Descott, Editions l'Archipel

 Topographie de la Terreur

Régis Descott



Présentation de l'éditeur : 

Berlin, 1943. Après Stalingrad, Hitler a décrété la guerre totale. Gerhard Lenz, commissaire à la Kripo, tente d'organiser la clandestinité de Flora, la jeune Juive qui attend un enfant de lui, quand un psychiatre, membre du NSDAP, est assassiné. 
L'enquête sera pour lui l'occasion de découvrir l'ampleur du programme d'euthanasie de masse, dit Aktion T4, et le rôle joué par les médecins nazis. 
Dans une ville au bord de l'abîme, Topographie de la terreur raconte le combat d'un homme seul face à l'hydre totalitaire. 



Mon avis :

La seconde guerre mondiale et le IIIème Riech sont toujours inspirants pour les artistes, de la BD au cinéma en passant par la littérature, on ne compte plus le nombre d'oeuvres qui ont traité le sujet. De fait, on va trouver du très bon comme du très mauvais. Du chef d'oeuvre au navet. C'est donc un thème particulièrement délicat à traiter. 

Avec Topographie de la terreur, Régis Descott réussi l'écueil de la surenchère, de l'explicatif, du cours d'histoire ou de la morale manichéenne. Alors, certes l'auteur a extrêmement bien documenté son roman après avoir passé plusieurs mois à Berlin mais pour autant, c'est digeste. Je m'explique. Son principal défaut se trouve dans la première partie. Régis Descott connaît bien son sujet, il s'est renseigné, documenté, fait conseiller, bref il a très bien travaillé. Et cela se voit. Trop peut-être et parfois perd-il en spontanéité lorsqu'il veut trop détailler, trop expliqué. Ne connaissant pas Berlin, j'avoue avoir été perdu dans le nom des rues empruntées par les protagonistes. On comprend bien que Régis Descott souhaite ancrer ses personnages dans un lieu le plus fidèle possible mais par moments, c'est un peu trop. 

Mis à part ce léger défaut, j'ai vraiment bien aimé ce roman. A la fois roman historique et thriller, il part du point de vue allemand. La terrible mécanique nazie y est bien disséquée. Elle déploie ses tentacules sur toute la société, personne n'est à l'abri d'une rafle, d'une dénonciation, d'une déportation, d'un emprisonnement. Alors les berlinois vivent dans la terreur. Pendant ce temps, les alliés pilonnent la ville, tuant des civils, rasant les immeubles. 

Gerhard Lenz, commissaire de la Kripo, la police criminelle, n'a pas les mains propres, du moins aux yeux des nazis. Le voilà chargé d'une enquête criminelle, un médecin réputé a été trouvé assassiné dans d'horribles circonstances. Dès le début, Gerhard qui ne soutient pas la cause hitlérienne va se mettre en danger. Par dessus tout, son ex lui apprend qu'il va être papa. Problème, l'ex est juive. Dès lors, il va devoir tout faire pour la protéger, mettant sa famille en danger. Il n'a plus d'échappatoire. 

A travers le thriller, Régis Descott décortique cette implacable mécanique. Véritable rouleau compresseur contre lequel il n'était pas possible de s'élever. On découvre de nombreux personnages dont le seul but est la survie. Il évoque ces juifs allemands qui pensaient être à l'abri des exactions nazies mais qui n'ont pas été épargnées non plus à travers une famille décimée. 

Et que dire que ces juifs qui pour sauver leur peau et celle de leur famille vont jusqu'à intégrer les services nazis pour dénoncer leurs compatriotes ? A travers ces tenailles, c'est la perversité des dirigeants qui s'exprime. 

Topographie de la terreur est un roman glaçant qui permet de mieux comprendre le mécanisme des nazis. Il est à découvrir aux éditions de L'Archipel. 


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