Le dernier Afghan, Alexeï Ivanov, Rivages/noir

 Le dernier Afghan

Alexeï Ivanov

Traduction : Raphaëlle Pache

Présentation de l'éditeur : 

On les appelle les Afghans. Laissés pour compte après la défaite d'Afghanistan, ces jeunes vétérans russes traînent une réputation de brutes et d'alcooliques. Au début des années 1990, le charismatique Sergueï Likholietov décide de créer une union d'anciens combattants dans la métropole de Batouïev. Guerman Nievoline, modeste chauffeur de l'organisation et ami de Sergueï, veut rester fidèle aux valeurs fraternelles de son commandant. Mais leurs actions violentes et la corruption qui gangrène la ville détruiront ses dernières illusions. Pour échapper à son destin, Guerman tentera l'impossible : dérober l'argent de l'union et disparaître avec la seule femme qu'il ait jamais aimée. 

Fresque historique de la Russie post-soviétique, cette saga criminelle retrace le sort de héros ordinaires cherchant à sauver leurs idéaux dans un monde dépourvu de fraternité. 



Tout commence par un casse, brillamment exécuté par Guerman, dit l'Allemand. Il y a pensé depuis longtemps. Il veut partir, s'enfuir plutôt, avec celle qu'il aime, Tatiana. Guerman n'a pas l'étoffe d'un héros, tout juste un second couteau, prêt à rendre service, loyal. De là à braquer le fourgon rempli de billets qu'il est censé conduire, c'"est une autre histoire. 

Guerman est le dernier Afghan. Il a combattu dans ce pays rude. Il en est revenu mais ne revient pas du sort qu'on leur réserve. Ils inspirent la crainte, le dégoût, la peur. Alors quand son vieil ami Sergueï l'appelle au sein de la communauté qu'il vient de créer, Guerman n'hésite pas à rentrer dans le Kommintern. Une belle idée fraternelle au départ mais très vite les trafics en tous genres s'organisent. Les nouveaux mafieux, ce sont eux les Afghans. 
Alexeï Ivanov dépeint une société violente et rugueuse et son "Dernier Afghan" est un roman ambitieux, foisonnant et parfois complexe. 
Il y a beaucoup de personnages qu'il faut parfois replacer dans l'histoire, il y a de nombreux retours en arrière qui permettent au lecteur de comprendre le présent. Et puis, il y a cette société russe, complexe à un tournant de son histoire. 

Epopée de plus de 600 pages, "Le dernier Afghan" présente aussi Tatiana, au passé tragique, assez fade mais tellement attirante. L'une des femmes fortes du roman malgré son physique de jeune adolescente. Une femme amoureuse qui semble n'avoir vécu que dans l'ombre de ses amants. 

"Le dernier Afghan" c'est aussi une formidable reconstitution historique, même s'il reste un roman. Alexeï Ivanov prend bien soin de retracer des éléments historiques dans sa trame narrative pour nous permettre, à nous lecteurs, de mieux appréhender les enjeux, les luttes de pouvoir, l'organisation de la société russe du moment. Quelques décennies qui ont succédées à la période soviétique et qui ont vu de nouvelles têtes émerger, de nouvelles formes de criminalités en cols blancs. 

Ce roman est un peu complexe et donc, pas très facile à lire si l'on n'est pas bien concentré. Le nombre de personnages, les événements qu'il faut relier entre eux dans un pays comme la Russie ne sont pas simple à appréhender. Pour autant, il constitue un éclairage sur la société actuelle avec comme fil conducteur Guerman et Tatiana, deux personnages que j'ai bien aimés. 

Le Dernier Afghan est disponible aux éditions Rivages/Noir, que je remercie. 

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