Le jardin, Hye-Young Pyun, Rivages/Noir

Oghi, paralysé après un accident de voiture ayant causé la mort de sa femme, se retrouve enfermé chez lui sous la tutelle d’une belle-mère étrange. Cette dernière s’obstine à creuser un immense trou dans le jardin entretenu autrefois par sa fille, afin, dit-elle, de terminer ce qu’elle avait commencé.



Un roman arborant un tel bandeau "Prix Shirley Jackson" ne pouvait qu'attirer  mon attention et je remercie Audrey Daragon et les éditions Rivages/Noir pour cette découverte. 
Oghi est paralysé suite à son accident de voiture dans lequel il a perdu sa femme. Il est resté longtemps dans le coma et est complètement désorienté le jour où il se réveille. Les visites sont peu nombreuses, d'ailleurs il ne veut pas que ses amis, collègues, le voient dans cet état. Seule sa belle-mère est présente, elle le veille comme si c'était son propre fils. En même temps, il est le seul membre de sa famille qui lui reste. Lui aussi, elle est son unique famille désormais. Donc, tout naturellement, à sa sortie d'hôpital elle emménage chez lui. Oghui est livré à cette femme dont le comportement va vite évoluer. 
Tout d'abord, elle est gentille et prévenante. Mais peu à peu, elle va isoler Oghi, lui couper ses modes de communication, l'empêcher de guérir. Elle devient folle, creuse un énorme trou dans le jardin, si chéri par la femme d'Oghui. La tension va monter jusqu'au final épique et terrible. 

On a beaucoup écrit sur la réclusion, quelle qu'elle soit. On pense bien sûr au Misery de Stephen King. On peut aussi penser à Jessie (même si on n'est pas tout à fait dans la même configuration), du même auteur, huis clos angoissant. Le Jardin est un court roman dont la tension monte crescendo. On ne s'ennuie pas une seule seconde. Les personnages sont intéressants car bien travaillés. L'auteur revient parfois en arrière pour décrire leurs vies passées. Et l'on s'aperçoit qu'elles n'ont pas été un long fleuve tranquille. Le couple s'est constitué, s'est soudé, a vécu puis les rancoeurs ont émergées. La femme d'Oghui a de nombreux projets mais elle est incapable d'en terminer un seul. Oghui continue son ascension professionnelle. 

Bref, le drame se noue. Peu à peu. Irrémédiable. Il en aurait été presque prévisible. 

Oghui est toujours allongé, à regarder le plafond et à cligner des yeux pour communiquer. La belle-mère ne le lâche pas et le livre se décline en de courts chapitres intenses. 

Roman coréen certes mais l'auteur ne s'attache aucunement à décrire la société asiatique dans laquelle elle évolue, elle évoque le monde universitaire qui ressemble à celui que l'on connaît en France. Mais rien d'autres sur les traditions de son pays. 

"Le jardin" est un roman passionnant qui mérite amplement le prix qu'il a obtenu. Il est disponible aux éditions Rivages/noir. 







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