Annabelle, Lina Bengtsdotter, Marabout édition, Black lab.
Présentation de l'éditeur :
En quittant Gullspång à l'âge de 14 ans, Charlie Lager s'était juré de ne plus jamais y retourner. Mais cette petite ville perdue au coeur de la Suède, où chômage et alcool ont peu à peu érodé tout espoir d'un avenir meilleur, est aujourd'hui sous le feu des projecteurs.
Annabelle, 17 ans, a disparu au cours d'une fête à laquelle elle avait pourtant interdiction de participer. Cela fait quatre jours qu'elle n'a plus donné signe de vie.
Devenue inspectrice à la brigade criminelle de Stockholm, Charlie est envoyée sur place pour enquêter. Fugue, enlèvement, suicide, meutre ? Toutes les hypothèses sont permises. Toutefois une chose est sûre : pour retrouver Annabelle, Charlie devra combattre ses vieux démons et déterrer ce qu'elle avait mis tant d'années à enfouir au plus profond d'elle-même.
Roman traduit du suédois par Anna Gibson
Ce mois ci, après Berlin (Le colis), après Le Havre (une année de cendres), après New York (Manhattan Chaos) et Paris (Snap Killer), bonjour la Scandinavie, me voici aujourd'hui en Suède. Annabelle est le titre d'un film d'horreur bien connu. Mais ici, point de poupée maléfique. Point de débordements d'hémoglobine mais une enquête forte et puissante.
Une jeune fille de 17 ans, Annabelle, a disparu dans un bled paumé au fond de la Suède. Un bled qui n'intéresse personne, tout juste ses habitants. Qui survivent entre alcool et drogue. Une communauté renfermée sur elle-même comme peuvent l'être tous ces petits villages isolés.
Qu'est-ce qui a bien pu arriver à Annabelle ? Sans doute un étranger serait-il à l'origine de sa disparition. Il ne peut pas en être autrement. Ce n'est sûrement pas quelqu'un du village. Tout le monde se connait ici. Personne ne peut faire du mal à l'un de ses concitoyens.
Charlie Lager est dépêchée sur les lieux. Flic à Stockholm, elle est originaire de ce village, qu'elle a quitté très jeune, 13 ans. C'est donc avec réticence et inquiétude et flanqué d'Anders, son coéquipier, qu'elle va rejoindre le village. A la manière de Orwell dans son méconnu "Un peu d'air frais", livre que je trouve somptueux, Charlie va recoller avec ses souvenirs d'enfance, pas forcément tous très bons, renouer des liens avec des amitiés perdues. Et notamment Suzanne, caricature de femme au foyer, avec des gosses insupportables qui ne lui laissent aucune liberté ni moment de répit.
Charlie qui se bat avec un alcoolisme fort et une forte envie de profiter des hommes uniquement pour le sexe, le reste, elle s'en contrefiche.
Et puis, il y a deux autres récit en filigrane. On suit aussi Annabelle, la fameuse journée où elle a disparu. On est dans ses traces, on vit avec elle.
Le deuxième récit se déroule des décennies plus tôt. Avec Rosa et Alice, deux jeunes filles intrépides, livrées à elles-mêmes. Jusqu'au drame. On ne sait pas qui elles sont vraiment. Mais dans les dernières pages, l'auteur nous livre un dénouement inattendu.
Annabelle, c'est bien sûr l'histoire d'une disparition de jeune fille. C'est aussi, la description d'une communauté et parmi elles, d'une femme hantée par son histoire, son enfance, ses drames. Charlie. Ecartelée entre son enquête et son village. Entre ses fantômes d'enfant et les ombres qui tournent autour d'elle. Pourtant, elle ne voulait pas venir, surtout pas. Betty, sa mère, la hante tellement. Mais elle sent que pour tourner la page, elle doit s'y confronter.
Parfois, des auteurs placent leurs romans dans un pays, dans une ville particulière. Mais on pourrait en changer que ça toucherait en rien le récit. Ce que je trouve dommage, d'ailleurs. Quand on évoque un lieu, il faut en parler comme s'il faisait partie du récit. Je suis allé en vacances pendant un mois en Suède il y a quelques années. Et j'ai bien apprécié les éléments que l'auteur distille au fil du texte et qui font réellement partie des traditions et du décor suédois : le jour qui ne finit pas à certaines saisons, les chaussures qu'on enlève avant de rentrer dans une maison... tous ces détails ajoutent une touche exotique que j'ai bien aimé.
La traduction y est aussi pour beaucoup. C'est fluide et intelligent.
Vous l'aurez compris, j'ai vraiment accroché avec "Annabelle". Disponible aux éditions Marabout.
Merci encore à Nadia de me l'avoir fait découvrir.
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