Une ville en mai, Patrick Raynal, Editions de l'Archipel

Nice, mai 1968. Frédéric Corniglion revient après dix ans d’Afrique. Chez les ouvriers et les étudiants, la révolte n’épargne pas Nice et ses facs.
Dominique, son ex-femme, lui apprend que Sophie, leur fille, ne donne plus de nouvelles depuis des mois. Elle fréquentait un étudiant, un certain Thomas. Inquiet, Frédéric contacte le commissaire Pancrazi, ancien RG. Le policier lui révèle les activités militantes de Sophie (distribution de tracts…), son appartenance à l’Union de la Jeunesse Marxiste Communiste et Léniniste.
En même temps, le cadavre d’un prof de la fac de lettres, Blanc-Dumont, est découvert sur une plage. Frédéric poursuit ses recherches. Il va voir les membres de l’Union, et rend visite à Corinne Duval, la colocataire de sa fille. Là, la jeune femme lui dit avoir reçu un homme à l’air méchant, et insistant pour avoir des nouvelles de Sophie…
Avec son équipier Casanova, Pancrazi investit la fac. Quelques étudiants en colère, un directeur rétif, et une info : Blanc-Dumont fréquentait des cercles néo-nazis…


Patrick Raynal fait partie de ces auteurs qu'on lit maintenant sans même savoir ce qu'il va nous raconter tellement sa plume dépouillée et subtile fait mouche. Dans "Une ville en mai", il évoque la France de 1968 et des évènements qui ont bouleversé le pays. Parti 10 ans en Afrique, Frédéric revient dans un bateau russe pour retrouver sa fille qui a disparu. 
Il arrive un peu tard et tout le monde semble s'être donné le mot pour le lui rappeler. A commencer par son ex-femme qui l'a pourtant appelé à l'aide et les amis de Sophie qui lui décrivent une jeune fille aimant le sexe : "Vous n'allez pas aimer ce que je vais vous dire mais vous ne connaissez pas Sophie." Frédéric tombe des nues. Il ne comprend pas comme il ne comprend pas le combat que mène les étudiants bourgeois qu'il exècre. 
Les RG sont sur le coup aussi. La situation est explosive dans la fac occupée par les étudiants grévistes. Par dessus le marché, un des professeurs, connus pour ces positions d'extrême droite est retrouvé assassiné. 
Quel lien avec Sophie ? Y en a t-il un d'ailleurs ? Et où peut bien se trouver la jeune fille qui s'est découvert des penchants révolutionnaire ? Quel est son but ? Même Figasso, le leader du mouvement contestataire l'ignore. 
Ancien étudiant en 68, Patrick Raynal sait de quoi il parle. Sa ville Nice est le berceau de son récit. Une ville qui endormie, remplie de retraités mais qui bouge en ce mai 68. 
Comme toujours, la langue de Patrick Raynal est un bonheur. Il n'a pas son pareil pour transformer des situations ordinaires en moments cocasses :
" Je me suis réveillé trempé de sueur et de très mauvaise humeur. J'ai essayé de me souvenir des raisons qui auraient bien pu inciter ma cervelle à vouloir sortir de sa caisse et ma langue à se transformer un gant de toilette sale."
Ce court roman de 260 pages est un vrai bonheur de lecture et d'humour. J'aime beaucoup l'écriture de Patrick Raynal que j'avais découvert grâce au super Poulpe "arrêtez le carrelage". Il manie l'écriture avec une telle dextérité que chaque ligne est un grand moment. 
A découvrir aux éditions l'Archipel. 

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