Rouge Sibérie, Sam Eastman, Pocket


Chaque homme est appelé à nommer son enfer…
Septembre 1939.
Alors que les combats font rage en Pologne, l’obsession de Staline pour le trésor disparu de Nicolas II est ravivée quand un indicateur prétend savoir où est l’homme auquel le tsar avait confié la mission de dissimuler son or. Hélas, le précieux témoin est retrouvé poignardé au goulag de Borodok.
Staline le sait : seul Pekkala, l'inspecteur qui fut son pire ennemi et le favori du tsar, pourra démasquer le meurtrier.
Infiltré secrètement à l’endroit même où il avait été emprisonné de nombreuses années auparavant, « l’Œil d’Émeraude » va devoir affronter son passé s’il veut sortir de l’enfer du goulag…


Troisième aventure de l'inspecteur Pekkala dit L'oeil d'Emeraude, Rouge Sibérie emmène le lecteur dans les tréfonds du goulag de Borodok où il doit se faire enfermer pour mener l'enquête sur le meurtre d'un détenu. Pour Pekkala, il s'agit d'un dur retour en arrière. Ce camp représente l'horreur et neuf années de supplices après la défaite de Nicolas II. 
Staline cruel et pervers comme on le sait, l'envoie donc au fin fond de la Sibérie. Sam Eastland en profite pour décrire les conditions inhumaines du voyage à partir de Moscou. La promiscuité dans le train, des milliers de prisonniers entassés, debout pendant des jours, affaiblis par le froid et la faim, la violence des gardiens ou des autres prisonniers, la mortalité. Jusqu'à l'arrivée au camp pour les survivants car le trajet est déjà une épreuve quasi-insurmontable. Pour ceux-là, les baraquements, les vêtements qui ne couvrent rien (surtout que la température avoisine souvent les -50 !), les rations juste suffisantes pour assurer la survie et enfin les tâches confiées à chacun : dans les bois pour les moins chanceux, dans la mine ou bien à la cuisine pour Pekkala qui pourra mener son enquête.
Thriller historique, Rouge Sibérie est un roman passionnant et terrible à la fois. Sensible à cette période de l'histoire et à la Russie en particulier, je me suis plongé corps et âme dans cette lecture. Ayant dévoré Enfant 44 de Tom Rob Smith et ayant moi-même écrit Le lynx de la Neva (Morrigane éditions), j'ai redécouvert le plaisir de frissonner devant l'arbitraire et la cruauté du "Petit père des peuples". 
Sam Eastland, comme tout (très) bon écrivain mélange la Vraie Histoire, celle qu'on raconte dans les manuels, l'Histoire qu'on préfère passer sous silence et l'histoire inventée. Les personnages fictifs côtoient ceux qui ont façonné le paysage russe avec brio. 
En fin de roman, l'auteur nous gratifie d'une dizaine de pages dans lesquelles il fait le point sur ce qui s'est réellement passé en Sibérie. C'est instructif et bienvenu. D'ailleurs j'ai été bluffé par les aventures de la Légion tchèque durant leur traversée de la Russie. 
Rouge Sibérie est un roman où la tension est omniprésente et on ne sait jamais qui va faire les frais du courroux de Staline. Tout le monde un jour peut tomber en disgrâce et finir au goulag. C'est terrible et implacable. 
Disponible aux éditions Pocket. 


Commentaires

  1. Il a l'air pas mal du tout celui-ci.
    Cette période de l'histoire russe a tout pour rendre intéressant les écrits la concernant...

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