L'horizon qui nous manque, Pascal Dessaint, Rivages Noir
La jungle de Calais vient d'être démantelée et Lucille, qui avait plaqué son métier d'enseignante pour venir en aide aux migrants, se retrouve désemparée. Cherchant un "point de chute", elle arrive chez un vieux loup solitaire nommé Anatole. Ce dernier lui loue une caravane sur son terrain. Anatole est chasseur. Il passe des heures à bricoler des oiseaux en bois destinés à servir de leurre. Il n'attrape jamais grand chose, mais rêver lui suffit. Une étrange relation se noue entre la jeune femme et le chasseur solitaire. Leur modus vivendi est bientôt bouleversé par l'arrivée de Loïk. Un gars qui a fait de la prison. Un impulsif. Imprévisible.
Le nouveau roman de Pascal Dessaint prend racine dans le nord de la France, (presque) à l'endroit même de la fameuse Jungle de Calais, démantelée depuis. Lucille, ex-instit', qui s'était fortement investie se retrouve démunie. Elle trouve refuge chez Anatole, un original qui lui prête un mobil-home. L'équilibre est précaire mais la relation entre les deux personnages est plutôt sereine.
Jusqu'à l'arrivée de Loïk. Pourtant, au départ ils formeront un bon trio, leurs soirées autour des mobil-home sont joyeuses, les bières coulent à flot, parfois trop d'ailleurs. Loïk a une forte personnalité et un passé trouble qui va bientôt ressurgir.
Et puis, arrive Martin, un flic qui va s'enticher de Lucille et foutre en l'air tout cet équilibre. Jusqu'au dénouement, jusqu'au drame.
Ce roman est profondément humain. Les personnages de Pascal Dessaint sont forts et faibles à la fois. Ils ont leurs blessures et un avenir incertain- c'est bien sûr l'horizon qui leur manque, un peu paumés dans une société dans laquelle le fossé se creuse et où ils ne trouvent plus leur place.
L'horizon nous manque est un court roman qui se lit d'une traite. Quelques paragraphes sont jubilatoires. D'autres moins : par exemple Jules qui veut se faire ami avec Loïk. L'écriture est fluide et agréable, sans fioritures mais avec une belle maîtrise.
Cependant, j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose. Bien sûr, le récit monte en intensité mais je me suis demandé dans quel but. Que recherche vraiment l'auteur ? Veut-il seulement dénoncer quelque chose ? Des sujets variés sont abordés. On parle des migrants de Calais qui vont revenir. On parle de l'écologie. On parle des laissés pour compte. C'est humaniste mais je suis peut-être passé à côté.
Pour autant et paradoxalement je conseille la lecture de ce roman justement parce qu'il est humaniste et qu'il évoque des problèmes bien réels de notre société.
Un roman à découvrir chez Rivages/Noir.
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