Sale boulot, Larry Brown, Editions Gallmeister


Braiden Chaney n’a plus ni jambes ni bras. Walter James, lui, n’a plus de visage. Ils les ont tous les deux été mutilés au Vietnam. L’un est noir, l’autre est blanc. Vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvent dans la même chambre d’un hôpital pour vétérans dans le Mississippi. Au fil d’une très longue nuit, ils se racontent ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont devenus, ce qu’ils pourraient devenir et, surtout, ce qu’ils attendent l’un de l’autre. En une nuit, tout est dit sur la guerre – seul lien entre ces deux hommes que tout oppose – et ce qu’elle fait subir aux soldats. En une nuit, tout est dit sur la souffrance, sur la mort et la compassion.



Un homme tronc, un autre défiguré se retrouvent dans la même chambre d'hôpital une longue, très longue nuit. Les deux rescapés de la guerre du Vietnam vont se raconter leur vie autour de bières, de somnolence, de somnifères et de bavardages. Ils se racontent, se dévoilent, se mettent à nu.

Braiden rencontre Walter. Deux êtres abîmés par la guerre. Deux êtres abandonnés. L'un vient de passer 22 ans allongé sur un lit. Dépendant des soignantes et notamment de sa soeur. L'autre déboule, on ne sait pas trop pourquoi il vient à ce moment-là.
Chacun pense que l'autre souffre plus que lui.
Il n'y a aucun avenir pour aucun d'entre eux et pourtant, ils tirent encore des plans sur la comète, refusent de s'apitoyer sur leur sort, pensent au futur, ressassent le passé.
Les champs de coton, la mobilisation, l'envie de combattre et puis... la blessure, les mois et les années d'hôpital, le repli sur soi, le monde extérieur qui s'éloigne de plus en plus.
La construction de ce roman est intéressante également et est faite à accrocher le lecteur. Les chapitres sont assez courts et à chacun d'entre eux, le narrateur change sans jamais que cela soit indiqué. Il faut donc être vigilant pour bien reconnaître celui qui parle.

Ce "Sale boulot" peut aussi être considéré comme un pamphlet contre la guerre. Incomprise des soldats qu'on envoie au front, se faire tailler en morceau par un ennemi qui ne comprend pas plus les motivations des dirigeants. On leur dit de se battre, alors ils se battent, blessent, tuent parfois. Et reviennent blessés, meurtris.

Je n'avais encore jamais lu de livre de cet auteur décédé subitement en 2004 que les éditions Gallmeister ont la bonne idée de rééditer. Essai réussi. C'est noir, sombre et aussi plein d'espoir. Bien sûr, cela donne envie de découvrir l'oeuvre de Larry Brown.



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