Little Heaven, Nick Cutter, Editions Denoël.


Le passé est un molosse qui vous poursuit inlassablement à travers les collines, tenaillé par une faim dévorante, jusqu’à ce qu’une nuit vous l’entendiez gratter à la porte. Minerva, Micah et Ebenezer, chasseurs de primes, sont bien placés pour le savoir. En 1966, ils font équipe pour retrouver un enfant enlevé par une secte dans une forêt du Nouveau-Mexique, dans un endroit appelé Little Heaven. Outre un prêcheur illuminé de la grâce de Dieu et d’une violence inouïe, ils y découvrent de nombreux secrets inquiétants, ainsi que d’étranges créatures, conglomérats de toutes les formes de vie de la forêt et incarnations du mal pur. Une force magnétique qui attire à elle tous ceux qui osent s’approcher du rocher noir.
Quinze ans plus tard, la fille de Micah est enlevée. Le trio doit se confronter une fois de plus à l’horreur et finir ce qu’il a commencé au cœur des bois. Avec un plaisir manifeste et sa perversité habituelle, Nick Cutter démontre dans ce western sanglant et nerveux qu’il a su dompter les codes du roman d’épouvante.



Quand j'ai achevé la lecture de ce "Little Heaven" il y a deux semaines, je me suis demandé comment je pouvais écrire cette chronique. Il m'a fallu tout ce temps pour que je digère ce récit, que j'y repense, que je repense à cette histoire pas banale. Un livre mauvais n'est pas vraiment difficile à chroniquer. On sait tout de suite ce qui pêche, ce qui ne va pas.
En revanche, quand on a un très bon livre comme celui-ci, c'est plus compliqué. Tout d'abord, les personnages que l'on découvre dans les premières pages sont... étranges. Parmi eux, Micah semble le plus "ordinaire". Minerva est une (mauvaise) tueuse à gages qui collectionne les suicides ratés et Ebenezer (qui n'a pas grand chose à voir avec le personnage de Dickens) est bizarre. Il a les cheveux longs, un accent british, vit dans une maison isolé, ne parle à personne, fait des trucs louches avec un scorpion devant le barman du village.

Ces trois là se sont rencontrés quinze ans plus tôt mais la vie les a séparés. L'enlèvement de la fille de Micah va les réunir à nouveau. Pas forcément heureux d'être ensemble, ils vont devoir affronter les démons du passé. Terrible. Et pourtant, ces trois-là sont forts.

A travers un récit mêlant deux époques, Nick Cutter nous embarque dans un western gothique sanglant et terrifiant. On a toujours l'impression d'être sur un fil. Entre réalité et fantastique. C'est mouvant, instable, dérangeant parfois. L'horreur est bien présente, elle s'insuffle petit à petit dans le récit. On pressent une certaine violence qui explose peu à peu.
Il y a aussi un certain dynamisme dans le texte, les scènes se succèdent les unes après les autres et le lecteur n'aura que peu de temps mort pour reprendre son souffle.

Ce pavé (presque 600 pages) se lit plutôt facilement même s'il faut rester concentré. Il se passe de nombreuses choses et les personnages évoluent plutôt vite.

Toute une kyrielle de monstres nous est présentée, avides de sang, terrifiants. On en frissonne.

Le précédent roman de Nick Cutter, Troupe 52, avait été une réussite. Celui-ci en sera une aussi et ravira les amateurs d'un genre longtemps oublié. On tient avec Cutter un auteur solide. Il a une vraie plume, d'ailleurs il publie sous son vrai nom dans des maisons d'éditions réputées, qui saura trouver son public.

C'est du King des années 70/80 !
Merci aux éditions Denoël pour ce superbe roman.

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