Power play, Mike Nicol, Editions du Seuil


Le Cap est une ville de gangsters, de violence et de corruption des élites politiques qui n’a, dans l’histoire du polar, rien à envier au Chicago des années 1930 ou au Los Angeles des romans d’Ellroy.
Deux gangs s’y livrent une guerre impitoyable pour s’approprier le marché de la drogue. La fille de Titus Anders, le vénérable chef des Pretty Boyz, qui essaie de s’acheter une respectabilité tout en blanchissant de l’argent à tout va, a été enlevée par la féroce Tamora, chef des Mongols, le nouveau gang dominant. L’escalade des représailles est sanglante et brutale, les membres des deux clans tombent comme des mouches. Dans le même temps, Krista, qui dirige une agence de sécurité spéciale filles, est contrainte par les services secrets d’accepter un contrat : il s’agit de protéger des Chinois venus investir dans les mines. En réalité, ils convoitent le commerce incroyablement lucratif des ormeaux. Quand il apparaît que les gangs sont manipulés au plus haut niveau de l’État, où se disputent les vrais enjeux financiers, le lecteur soupçonne que la fiction n’est pas forcément très loin de la réalité.
Né en 1951, Mike Nicol vit au Cap. Journaliste, éditeur, auteur anglophone de romans non policiers pour commencer, il se consacre désormais au polar hard-boiled et engagé politiquement. Il est aussi l’auteur d’une biographie autorisée de Nelson Mandela.
« Ce n’est pas juste de la superbe littérature de genre, c’est de la superbe littérature, point barre. » John Connolly

Pour ce nouveau roman du Sud Africain Mike Nicol, on change de personnage et on délaisse le duo qui nous a fait vibrer (Mace et Pylon) pour s'intéresser à la fille de Mace, Krista. Elle devient l'un des personnage principal après avoir repris l'entreprise de son père. Fini les magouilles, fini les coups foireux. L'entreprise de protection et de surveillance est clean, respectable et respectée. Avec Tamy, Krista est devenue grande. Elle est le pilier de la société spécialisée aujourd'hui dans la protection des femmes d'affaires. Tout se passe bien. Jusqu'au jour où Titus, malfrat bien connu du Cap l'oblige à prendre sous sa coupe sa propre fille.
L'homme essaie (du moins en surface) de se ranger, de s'acheter une respectabilité. Mais Krista n'est pas dupe. Elle sait qu'un escroc restera toujours un escroc. Pourtant Titus souffre. On lui fait du mal. Quelqu'un cherche à le rayer de la carte.
C'est risqué, Titus est l'un des trois intouchables de la ville.

Avec une précision chirurgicale, une écriture sans concession, Mike Nicol continue sa dissection de la vie sud-africaine. Loin des clichés post-apartheid, il met le doigt sur les dysfonctionnements, le racisme et les magouilles. C'est toujours très efficace car la nation "arc-en-ciel" n'en a pas encore fini avec son histoire.

C'est violent aussi. L'auteur ne s'embarrasse pas avec les états d'âme, ce qui peut toutefois manquer aux lecteurs. De fait, on a du mal à éprouver de l'empathie pour eux. Tous les personnages semblent dénuer de sentiments. Sauf peut-être Krista, qui est l'une des mieux dessinées. C'est juste le seul point noir à ce livre. C'est sans doute un parti pris de l'auteur et ça ne m'a pas empêché de prendre du plaisir, comme chaque fois avec cet auteur.

Pour autant, il nous offre aussi de belles descriptions d'un pays entre mer et montagne. A la jonction de deux océans puissants. Une idée pour un prochain voyage ? Pourquoi pas ? En tout cas, j'attends avec impatience son prochain livre. Avec Mike Nicol, je n'ai encore jamais été déçu.
Power Play est disponible aux éditions du Seuil.








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