Le coma des mortels, Maxime Chattam, Albin Michel

Qui est Pierre ? Et d'ailleurs, se nomme-t-il vraiment Pierre?Un rêveur ? Un affabulateur ? Un assassin ?Une chose est certaine, on meurt beaucoup autour de lui. Et rarement de mort naturelle.Rebondissements incessants, métamorphoses, humour grinçant… un livre aussi fascinant que dérangeant, en quête d'une vérité des personnages qui se dérobe sans cesse. Un roman noir virtuose dont l'univers singulier n'est pas sans évoquer celui d'un cinéma où David Lynch filmerait Amélie Poulain.



Maxime Chattam est là où ne l'attend pas dans ce roman étonnant et qui sort des sentiers battus. Alors que l'on a aimé Le coma mortels ou pas on salut l'audace de l'auteur. 
Je m'explique : On est loin de la Trilogie du mal qui a fait le succès de Maxime Chattam. On est encore très loin de La conjuration Primitive et de La patience du diable (deux romans que j'ai eu l'occasion de chroniquer dans ces pages et que j'avais bien aimés.). Ici, point de scènes sanguinolentes, point de monstres, point de limier prêt à tout pour coincer un coupable. 
Le coma des mortels est une sorte de long monologue s'étalant sur plus de 300 pages et qui commence... par la fin. L'auteur remonte chapitre après chapitre la vie de Pierre, un type dépressif qui vient de tirer une croix sur son ancienne vie et qui s'en dessine une nouvelle. Il repart de zéro. Pour preuve, le répertoire de son téléphone portable ne contient que 5 numéros. 
On ne sait donc pas d'où ce Pierre débarque, qu'a t-il fait ? Qui est-il ? Que cherche-t-il ? 

Reconstruire une vie, pourquoi pas ? Il laisse donc tomber son identité, change de prénom, trouve un job (il ramasse les crottes des animaux au zoo de Vincennes), s'inscrit au théâtre, fait des rencontres. 
Un des points forts de ce livre : les personnages. Maxime Chattam a beaucoup travaillé sur les caractères et la profondeur de ces protagonistes. Même s'ils sont parfois too much ou caricaturaux, on ne peut rester insensible à la douce folie de Ophélie, qui aime déambuler la nuit dans les cimetières et n'hésite pas à boire un bon cru sur une pierre tombale. 
On aime aussi la fougue et la jalousie de Julia dont la spontanéité est touchante. 
Et puis, il y a la folie de Hugo dont Pierre a tout de suite déceler son côté obscur. Un tueur en série en sommeil, Hugo ? 

Hugo me regarde. Puis regarde la pelle. Puis Michaud. Puis encore la pelle. C'est peut-être le seul moment de sa vie où il y a un vague sentiment positif dans ses prunelles. Un peu d'amour. Quand il regarde cette fichue pelle. 

Parlons aussi de Tess, la vétérinaire un peu timbrée qui n'hésite pas à confier à Pierre ses fantasmes zoophiles. 
Bref, Maxime Chattam dresse des portraits d'individus complètement dérangés et déglingués qui constituent les connaissances de Pierre. Mais le bonheur ne dure pas et au fur et à mesure, des amis vont mourrir autour de Pierre. Subit-il une sorte de malédiction ? La police est derrière lui. 

Mais ce n'est pas l'enquête de police qui intéresse l'auteur dans ce roman. Elle n'est que secondaire. Le récit fait la part belle aux questionnements : philosophiques, sociologiques et même théologiques. Alors parfois c'est brillant mais à d'autres moments (comme souvent chez Maxime Chattam) c'est carrément indigeste et lourd :

L'imaginaire collectif a pour habitude de se représenter les synapses qui font transiter l'information sous la forme de petits éclairs, comme si tout le cerveau finissait par s'illuminer.

Ces quelques passages ne gênent en rien la lecture dans laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir. 
Le coma des mortels est disponible aux éditions Albin Michel. 

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