Le contrat Salinger, Adam Langer, Editions Super 8

Signez, vous ne risquez rien, ou presque... Journaliste désabusé, Adam Langer retrouve un jour une vieille connaissance : Conner Joyce, auteur de thrillers en perte de vitesse en pleine promotion de son dernier roman. Ce dernier lui confie avoir reçu une offre ahurissante : un homme d'affaires richissime, lui a proposé d'écrire un roman rien que pour lui moyennant une somme colossale. Seule particularité, le contrat s'assortit de certaines clauses assez particulières : 1/ le livre rejoindra la collection privée d'exemplaires uniques de l'homme d'affaire, pour lequel ont déjà travaillé des écrivains aussi prestigieux que Thomas Pynchon, Norman Mailer ou J. D. Salinger... et n'en sortira jamais. 2/ Le propriétaire se réserve le droit d'exiger de l'auteur quelques modifications de son cru. 3/ l'accord doit rester absolument secret. Bientôt, et tandis qu'un Conner visiblement aux abois s'obstine à tout raconter à son ami – lequel se passerait bien de ces révélations –, l'histoire prend une tournure des plus inquiétantes : l'offre n'a évidemment rien de philanthropique, et le contrat désormais signé aura des conséquences imprévues.


« Le contrat Salinger » est le nouveau roman d’Adam Langer, écrivain américain. Dans ce livre, il choisit de s’intégrer personnellement à l’histoire puisqu’il n’est autre que le narrateur, partageant avec nous les déboires de Conner Joyce, un écrivain sur le déclin, lequel se voit offrir un drôle de contrat (et se confie à Adam, lui-même écrivain encore plus sur le carreau). En effet, Conner a signé un accord avec un mystérieux homme d’affaires – Dex – afin d’écrire un roman policier qui ne serait destiné qu’à sa seule personne. Jamais il ne sera commercialisé et personne d’autre que lui - et son homme de main – ne lira jamais ce livre ; en échange il devra garder le secret le plus total sur cet écrit et recevra pour cela une importante somme d’argent qui lui permettra de reprendre le cours d’une vie paisible et d’être tranquille d’un point de vue financier pour jusqu’à la fin de ses jours. La bibliothèque de Dex, remplie de romans uniques, écrits par Salinger, Harper Lee, Truman Capote, etc… finit de convaincre Conner sur le bien fondé d’un accord avec l’homme d’affaires. Une fois l’accord signé puis le roman remis, les événements vont rapidement plonger Conner dans l’embarras le plus total… 

Ce très bon thriller nous permet de plonger également dans les méandres des maisons d’édition et des choix qui doivent être effectués afin de mettre tel ou tel auteur en avant, quitte à sacrifier de bons écrits qui ne seront que peu vendus du fait de leur manque de notoriété. On comprend alors les mécanismes des maisons d’édition, de la politique qui est la leur et de la difficulté que cela peut être de trouver le bon compromis entre recherche de nouveaux talents et la continuité avec les mastodontes du marché qui font rentrer l’argent dans les caisses… Un regard sans concession de la part d’Adam Langer sur ce milieu. Un roman qui montre également les difficultés que peut rencontrer un écrivain dans la phase d’écriture selon le public visé mais également les déprimantes tournées de promotion qui peuvent suivre lorsque les salles censées l’accueillir se trouvent quasi systématiquement vides d’auditoire. 

Un roman teinté d’humour et de suspense. Encore une fois, un très bon choix de la part de la maison d’édition Super 8. 


Ben

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