Les temps sauvages, Yeruldegger, Ian Manook, Albin Michel

Quand le vent du Nord s’abat sur les steppes enneigées d’Asie centrale, personne ne vous entend mourir. Pour Yeruldelgger, le salut ne peut venir que de loin, très loin…

Après le succès mondial de Yeruldelgger, couronné par de nombreux prix, Ian Manook retrouve la Mongolie et ses terres extrêmes dans un grand thriller d’une originalité absolue.


Après Yeruldelgger (Albin Michel, 2013), Ian Manook récidive avec "Les temps sauvages". Il reprend les mêmes personnages, les mêmes paysages et fait souvent référence au premier roman. Cela dit, ceux qui (comme moi) ne l'ont pas lu, ils pourront quand même y prendre du plaisir. 
Bon, il m'a fallu quand même un petit temps d'adaptation pour bien appréhender les personnages dans ce pays foutrement exotique qui n'est pas, à première vue, la destination de rêve qu'on peut se faire. 
Inclassable, ce roman débute comme un thriller ethnologique. L'auteur nous emmène au fin fond des steppes mongoles, dans l'immensité blanche et silencieuse, territoire des nomades, des grands Yacks et des loups. A la manière de Tony Hillerman qui a magnifié les peuples navajos et hopis, Ian Manook détaille quelques rites, coutumes et traditions : 

"- Il te dit de poser ton arme avant d'entrer, traduit en anglais la voix de Bathbaatar. 
- ça n'est pas gagné, client. Question de survie !
- Question de tradition, répliqua la voix dans un bon anglais. On  n'entre pas dans une yourte avec une arme."

Il fait aussi la part belle aux modes culinaires :
"Oyun tenait à deux mains un grand bol de thé au beurre... Elle avait trouvé de la crème au lait de Yack et de la confiture de myrtilles de lac de Khövsgol en fouillant dans le vieux frigo."

Il précise également : 
" Il jeta quelques bouses de Yack séchées dans le poêle en fonte, puis sortit deux verres et une bouteille d'alcool. Yeruldelgger crut à de l'arkhi, de l'alcool de lait de yack fermenté mais l'homme leur servit de l'artz, résultat d'une seconde distillation de l'arkhi."

Ensuite, le récit prend une autre tournure, plus classique, on vire tout à coup dans le roman d'espionnage avec son lot de barbouzes prêts à tout pour en découdre avec l'ennemi et son intrigue complexe. entre trafics d'enfants et vols à grande échelle. 
Manook nous fait voyager au Havre et c'est peut-être la partie que j'ai le moins aimée. De nouveaux personnages font leur apparition : Zarza, flic de la ferroviaire, intrépide, costaud, rapide et pour le moins énigmatique va faire équipe avec un journaliste trop curieux et trop sympa pour être vrai : Soulniz. Un type que la vie n'a pas épargné mais pour lequel je n'ai exprimé aucune empathie. Sans doute parce que la rencontre entre les deux types m'est apparue comme improbable. 

La dernière partie du livre se passe à nouveau en Mongolie et c'est très bien car l'auteur reprend un peu les ingrédients de la première partie. On est à nouveau dépaysés, on a le vertige et le palpitant qui s'emballe. 

Ce roman est complexe, j'ai éprouvé quelques difficultés à bien appréhender les tenants et les aboutissants de l'intrigue. Qui est qui ? Qui sont les méchants ? Quelles sont leurs motivations ? J'avoue que j'ai ramé un peu. 
Par ailleurs, je n'ai pas aimé non plus le personnage de Bekter qui disparaît aussi vite qu'il est arrivé. Dommage pour un "flic de flic". Pas assez travaillé à mon goût. 

Pour conclure, Les temps sauvages est un très bon roman, très original et exotique à souhait. Une très bonne découverte pour moi avec les (seules) réserves que j'ai pu exprimer plus haut. 

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