Play, Franck Parisot, Albin Michel

Il vous voit sans que vous le voyez.
Pour tuer, torturer, mettre en scène vos derniers instants avant de les poster sur le Net, sa caméra est sa meilleure amie. Il lui suffit d'appuyer sur Play pour livrer le pire aux appétits voyeurs d'une civilisation qui ne vit que par procuration.
Un premier thriller implacable et virtuose.


Avec un tel quatrième de couverture, l'envie était forte de me plonger dans ce roman. Les premières pages nous mettent en appétit et on fait vite connaissance avec un trio d'enquêteurs intéressants : Morgans, d'origine asiatique, femmes aux yeux vairons (particularité qui n'est reprise qu'une seule fois dans le livre), Alves, profondément amoureux de sa femme et Bridge, le célibataire.
Ces policiers sont encadrés par un chef colérique mais sympa finalement : Lawson alias Smarties.
Et puis nous avons le tueur : froid, méthodique, implacable et barbare qui va jouer (et se jouer) avec (de) la police en désignant Bridge comme cible privilégiée.
Appelés pour résoudre une simple histoire de disparition, les enquêteurs vont vite tomber dans l'horreur et le piège tendu par ce qu'ils devront plus tard appeler le Cyclope. Les mises à mort terrible se succèdent à une vitesse fulgurante pendant que les indices laissés sur les lieux de crimes laissent perplexe le trio.
Des films enregistrés sur des clés USB et dans lesquels le tueur immortalise ses victimes jusque dans leur dernier souffle. C'est cruel et parfois insoutenable.
Franck Parisot est un nouveau venu en littérature et on peut penser que s'il a signé chez Albin Michel, c'est que son livre est bon. Et il l'est ! On y trouve tous les ingrédients qui font un bon thriller : un tueur de la pire espèce, des enquêteurs prêts à tout pour l'arrêter, quitte à se mettre en danger, des rebondissements et des fausses pistes. Tout ça à New York.
On peut donc en conclure que Parisot connaît son affaire.
Pourtant, j'ai trouvé que c'était trop. Les meurtres sont trop barbares, les tortures sont décrites minutieusement jusqu'à écoeurement. Certains passages font penser aux descriptions les plus dures de Graham Masterton. C'est dire !
De plus, on l'a dit Franck Parisot maîtrise les règles du thriller. Mais à trop vouloir le montrer, il perd en originalité, en spontanéité et j'irais même jusqu'à dire en humanité. Du coup, ses personnages qu'il s'attache à décrire n'ont pas l'épaisseur qu'il veut leur donner. Donc ça s'est dommage. A trop vouloir bien faire côté "technique", on manque ce quelque chose qui ferait passer ce roman du côté des inoubliables.
Trop aussi pour le tueur. Dans ses actes, barbares je l'ai dit. Il torture sans état d'âme, filme ses victimes... Ses motivations apparaissent petit à petit et la fin m'a laissé moi aussi perplexe, perdu dans la perversité (un peu) confuse du tueur dont on devine trop tôt l'identité.
Pour conclure, Play est un bon roman même si sa construction trop académique m'a gêné et même si la barbarie m'a contrarié.
Ce roman est disponible aux éditions Albin Michel.



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