Les mâchoires du serpent, Hervé Claude, Acte Sud

D’étranges meurtres sont commis aux quatre coins de l’Australie. Pas de mobile apparent mais une caractéristique commune : les victimes ont toutes eu le sexe tranché. L’État d’Australie-Occidentale, plus riche que jamais grâce au boom minier, n’est pas épargné. Un mineur turbulent et le directeur financier d’une grande compagnie sont à leur tour assassinés. Ashe, l’enquêteur français dilettante, et son indéfectible copain Ange Cattrioni, chef adjoint de la police locale, doivent faire face à cette vague de violence d’un nouveau genre. Prisonnier du fossé qui sépare des sociétés minières plus avides que jamais et un peuple aborigène encore largement exploité, Ashe mène une enquête sur le fil. Pour ne rien arranger, il est en train de tomber amoureux d’un jeune Abori - gène, militant radical victime, dans son adolescence, d’atroces mutilations rituelles. Pour la première fois de sa longue errance à l’autre bout du monde, le Français doit affronter la question aborigène. Celle d’un peuple qu’on a décimé, expulsé de ses terres, dépossédé de sa culture. Et à qui l’on demande officiellement pardon maintenant qu’il n’a plus rien. Rien qu’une dignité bafouée et une fierté à reconquérir coûte que coûte. Mais à quel prix ?
Dans ce roman nerveux et tendu, Hervé Claude révèle une Australie en trompe-l’oeil, un pays qui ne connaît pas la crise, qui se tient à l’écart des soubresauts du monde, mais dans lequel couve un vrai choc de civilisations. Un pays au climat extrême qui exacerbe tout : la sensualité des étreintes, la brutalité des rapports, la violence des crimes. Un polar charnel et torride.

Hervé Claude continue son observation de la population et de la culture Australienne. Après "Les ours s'embrassent pour mourir" (que j'avais moyennement apprécié) et "Nickel Chrome" (qui est bien meilleur), l'ancien journaliste s'attaque cette fois aux aborigènes. Population qui n'avait pas encore été au centre de ses préoccupations littéraires.
Dans ce roman, où d'affreux crimes sont commis à travers cet immense pays-continent, le lecteur retrouve les personnages récurrents qui ont fait le succès de ses précédents romans. Ashe et son ami le policier Ange. Les deux amis, à l'occasion amants, sont cette fois au cœur d'une histoire terrible. Celle des aborigènes et des atrocités dont ils ont été victimes. Parqués comme des bêtes, massacrés, oubliés. Et Ashe, naïf se rendra compte au fil de son enquête que la société qu'il vient d'adopter n'est pas encore prête à sortir ses cadavres du placard.
Bien sûr, on ne peut pas comparer Hervé Claude à un Upfield qui a disséqué cette population mieux que quiconque. Pourtant, on ne peut que saluer son audace. Ce roman est fort et puissant. Les personnages, bien travaillés, en plein questionnement, sont bouleversant et bouleversés. Leurs certitudes s'effondrent devant l'évidence. Et qu'en est-il de ce jeune homme qu'Ashe croise ? Que représente t-il si ce n'est ce lien ténu entre les aborigènes et les Blancs ?
Personnellement, j'adore l'Australie (bien que n'y ayant encore jamais mis les pieds !) et je remercie Hervé Claude de s'attacher à décrire à travers des enquêtes bien menées, un pays magique comme celui-là.

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