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Affichage des articles du 2012

Harpicide, Michel Vigneron, L'atelier Mosesu

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Ancien légionnaire, Luc Mandoline, l'Embaumeur, est appelé en Guyane pour enterrer un camarade tombé sous les balles. La mission va tourner à l'expédition commando sur les sites d'orpaillage. En pleine jungle amazonienne, l'ennemi n'est pas toujours celui auquel on pense... Un retour aux sources violent et douloureux. Premier d'une (longue) série de polars écrits par des auteurs différents, Harpicide vient d'être commis par Michel Vigneron, policier de son état mais pas novice en matière d'écriture : Maryline de Boulogne , Boulogne K ou encore le puits de la perversion ont été publiés chez Ravet-Anceau. On peut noter également qu'il a signé une superbe nouvelle dans le recueil les auteurs du noir face à la différence. Ce roman inaugure donc une série mettant en scène Luc Mandoline l'embaumeur. Le personnage est assez singulier pour le souligner car, à la manière d'un Michel Klein parcourant les écoles primaires du pays sur sa moto d

Les Robinson de Bretagne, Sylvick et Fanny Etienne-Arthur

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Les éditions du Préau viennent de publier un nouvel ouvrage à destination des jeunes voire même des très jeunes. Ce livre n'est pas un polar, qu'on se le dise ! Toutefois, je vais en faire un petit commentaire. Paskal et Francis, respectivement 6 et 11 ans, sont deux jeunes épris de liberté, de rêve et d'aventures. Ils pensent à Stevenson ou à Defoe et pendant leurs vacances estivales, ils sont attirés par ce petit îlot qui fait face à la plage. Très vite, ils élaborent un plan pour s'y rendre et vivre leur aventure comme Long John Silver ou Robinson. Comme leurs idoles, ils préparent méticuleusement le voyage. L'embarcation, les sacs de vivres et leur matériel prêts, ils entament la traversée. Mais, si celle-ci se passe bien, quelle déconvenue lorsqu'ils posent le pied sur le sable... Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue de ce petit livre. Je peux simplement dire que les enfants prendront beaucoup de plaisir à écouter ce récit

La veillée des ombres, Yann Tatibouët, Coop Breizh

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1897, Bretagne, la fine fleur des conteurs doit se réunir dans le plus grand secret pour une joute orale. Chim marche d'un bon pas vers le lieu du rendez-vous, convaincu d'emporter le titre de maître diseur. Une certitude qui lui en ferait presque oublier les motivations personnelles qui le mènent aussi à Kersabat, une ferme de Carnac : se faire reconnaître, demander réparation et récupérer son dû. Il n'arrivera jamais à destination, assassiné en chemin. Le capitaine chargé de l'enquête ne manque pas de suspects : les conteurs aux âmes lourdes de secrets, ou Maela la maîtresse de maison. Pour confondre le coupable, malgré l'hostilité ambiante, il décide de participer à la veillée. Au matin, Dieu reconnaîtra les siens, à moins que le diable ne les emporte tous. Petit dernier d'un auteur dont j'ai déjà eu l'occasion de parler en ce lieu. Mi-polar, mi-roman ethnologique, Yann Tatibouët  continue son exploration de la Bretagne à travers sa population,

Nuits Noires, étoiles mortes, Stephen king

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Ce nouveau livre du grand King est composé de 4 longues nouvelles dans laquelle il renouvelle tout son talent. 1922, le récit d'entrée, met en scène un paysan du début du XXième siècle. Dès les premières lignes Stephen King brosse le trait. Le paysan en question a tué sa femme et s'est adjoint l'aide de son fils. Comment dans ce cas là, le lecteur peut-il éprouver de la sympathie pour le personnage ? Et pourtant ! C'est aussi l'occasion pour l'auteur de dépeindre une société paysanne en proie aux difficultés liées à la crise qui touchera le monde et à l'émergence de grands groupes industriels et de nous rappeler qu'il est un des meilleurs auteurs contemporains américains. A mon avis, la meilleure nouvelle du recueil. Grand chauffeur met en scène une auteure violée assoiffée de vengeance. Rien de bien original mais c'est où tout le talent du maître s'exprime. Dans Extension Claire, la troisième nouvelle, Stephen King renoue avec le fantastiq

Seul le silence, RJ Ellory

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Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps d’une fillette assassinée. Une des premières victimes d’une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l’affaire semble enfin élucidée, Joseph s’installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d’enfants se multiplient… Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Sous forme d'un longue fresque, l'auteur nous raconte la vie de Joseph depuis ses douze ans jusqu'à la fin de sa vie. J'ai éprouvé quelques difficultés à entrer dans ce roman ne m'attendant pas à suivre le cheminement de ce jeune garçon aussi longtemps. J'ai pensé à Stand by me, de Stephen King. Une bande de jeunes en mal de sensation fortes et souhaitant protéger leur communauté, dans un village au fin fond des Etats-Unis. Les meurtres se succèdent et le groupe mené par Joseph n'arrive pas à les arrêter ni même à en identifier le coupable. Et pour cause, partir à

Tenter le diable (Yann Tatibouët- auto-édition)

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Automne 1943, l'équipage d'un chalutier breton est décimé par les nazis. Les survivants se terrent en rêvant de l'Angleterre. Ils sont hébergés chez Gwendal Pennawel, conteur d'exception, qui va réaliser l'oeuvre de sa vie en inventant un audacieux plan d'évasion. Qui en paiera le prix ? Les barbelés n'arrêtent pas le vent de liberté qui souffle sur l'océan. Ce fut singulièrement vrai au cours de la Seconde Guerre mondiale pour de nombreux marins. Dans ce roman mi-historique mi-polar mi-ethnologique, on retrouve les personnages du premier opus "Priez pour nous". Toute cette communauté de marins du Bono (petit port proche d'Auray en Bretagne Sud) a vieilli depuis 1918. Des chemins se sont séparés, des destins se sont éveillés, des drames se sont noués. Et c'est au coeur de la Seconde guerre mondiale que ces marins vont se retrouver pour lutter contre l'ennemi commun : les allemands. Ceux-ci sont bien implantés dans cette régio

Priez pour nous (Yann Tatibouët, auto-édition)

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  Priez pour nous...pauvres pêcheurs, pourraient-on se dire à la lecture de ce roman singulier. Pas vraiment un polar à proprement parlé, ce livre est aussi historique qu'ethnologique. L'histoire : Octobre 1918, l'armistice vient d'être signé, la Grande Guerre se termine à peine. Pourtant, tous les hommes ne sont pas en paix. Vincent Falc'hun se terre sur les berges du golfe du Morbihan. Il n'a qu'un but : la vengeance. Mais à côtoyer les pêcheurs, à naviguer sur un forban et à frôler la peau d'une femme, il va trouver bien plus... et perdre davantage. Le décor est posé. Le golfe du Morbihan sert d'écrin magnifique à ce récit terrible. On y croise des personnages taillés dans le granit breton, des types au caractère bien dur, des femmes fortes habituées aux drames, à la mort, lot traditionnel des marins. Et puis, il y a cette guerre. Destructrice, ravageuse. Et puis, il y a ces hommes qui y sont revenus, parfois diminués autant physiquement

Au fil des morts (Gaelle Perrin, auto-édition

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L'histoire : Un mail, une pièce jointe: la photo d'une femme recroquevillée dans le coin d'une pièce sombre. Un message l’accompagne: "Je t'offre celle-ci en cadeau. La prochaine... au chapitre suivant." Mike Carpenter, professeur de criminologie à l'université de Boston, connaît bien la noirceur de l'âme humaine pour l'avoir côtoyée pendant de longs mois. Son livre au titre évocateur,"Comment devient-on tueur en série ?", est un succès lors de sa sortie en librairie. Mais il ne se doute pas que dans l'ombre, on étudie ses écrits avec minutie. Le professeur va se retrouver au centre d'un jeu où les chapitres de son livre s'égrènent au fil des morts. Le jeu commence. Les mots se transforment en cadavres. La partie s’annonce sanglante.   Deuxième roman de Gaelle Perrin après "le sourire du diable" et toujours cette ambiance américaine dans laquelle l'auteur inscrit son récit. Le roman est

La guerre a son parfum (Jean-Louis Nogaro, éditions du Caïman)

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Soixante ans après la fin de la guerre, une équipe de braqueurs allemands sévit sur la ville. Leur cible : les parfumeries de la chaîne Martinaud. C'est le moment que choisit Lucien Bornier, ancien milicien, pour faire son retour sur scène. Quel est le rapport ? Y en a-t-il un ? Ce n'est pas le problème d'Ernest Cafuron. Lui, ce qu'il veut, c'est que personne n'ennuie Linda, sa petite copine, qui travaille justement chez Martinaud. Et il ne faut pas l'énerver, Ernest... La guerre a son parfum" est le quatrième polar de Jean-Louis Nogaro. Après "Un bon flic c'est comme de la soie", "St Etienne Santiago" et "Les prédateurs font toujours face au courant", l'auteur et enseignant stéphanois signe ici un court roman noir dont la ville de St Etienne est à nouveau le théâtre. J'ai eu la chance de lire ce roman un peu avant sa publication et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. J'avais découvert l&

Amazonia (James Rollins)

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Amazonia est le premier roman que je lis de James Rollins. Nathan Rand, scientifique isolé en Amazonie, n'a jamais perdu l'espoir de retrouver une expédition disparue 4 ans auparavant conduite par son père. Cet espoir est relancé par une jolie docteur chargée de conduire une nouvelle expédition et qui l'invite à rejoindre son équipe. Mais au plus profond de la jungle, une nature livrée aux mutations les plus folles les attend. Alléchant, non ? C'est ce que je me suis dit en parcourant pour la première fois le quatrième de couverture. Il y a des moments où le lecteur est prêt à lire certaines choses, à découvrir certains territoires, à vouloir croire certaines histoires... Peut-être que si j'avais découvert ce roman l'année dernière, je l'aurais ignoré. Là, j'étais prêt et j'avais envie de me plonger dans la forêt dense et étrange de l'Amazonie. C'est donc avec un enthousiasme non feint que je l'ai ouvert et croyez-moi ou pas, ce l

No country for old men

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J'ai découvert Cormac Mc Carthy avec la Route, dont un film superbe en a été inspiré. No country for old men a aussi été adapté au cinéma et avec quel succès ! ? 4 oscars ont couronnés les frères Coen. No country est un polar-western absolument génial. Moss est un type ordinaire -enfin si on peut qualifier d'ordinaire un mec qui vit dans une caravane, qui chasse la nuit, qui porte des santiags style Clint Eastwood et qui fait quoi le jour ? - bref, toujours est il que lors d'une de ses escapades dans la (rase) campagne texane, pas très loin de la frontière mexicaine, il tombe sur un carnage. Des bagnoles en rade au milieu des champs déserts, des types refroidis par plusieurs balles, d'autres en cours de refroidissement, des armes et plus loin... ah, plus loin, une malette remplie de billets. Deux millions qui feraient bien l'affaire de Moss et qui ne se pose pas trop  de questions. Il planque donc la valise et se dit qu'il reviendra à la nuit tombée. Et il

Un enfant de Dieu

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Lire Cormac Mc Carthy reste toujours un moment d'intense émotion et une expérience hors du commun. Peut-être parce qu'il a un sens de la ponctuation qui nous surprend ou bien un souci du détail à limite de l'agacement : " En arrivant à la boutique il s'assit sur une caisse sur la galerie et, à l'aide de son couteau de poche, coupa la ficelle qui s'enroulait autour de ses jambes et de ses pieds, retira les sacs, les secoua et les étendit sur la caisse avec les morceaux de ficèle, puis se releva. Il portait des chaussures basses, noires, trop grandes pour lui ." J'avoue que ce genre d'écriture peut s'avérer déconcertante. Et pourtant, pourtant, son oeuvre est aujourd'hui considérée comme l'une des plus marquantes de la littérature américaine contemporaine. Lester a été chassé de chez lui, quasiment banni de son village. Réfugié dans les montagnes alentours, il va survivre comme il peut, c'est-à-dire comme une bête, un charog

Tabou, Casey Hill

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Livre reçu en cadeau, cela tombait bien car je voulais me le procurer. Un tueur en série met en scène de manière atroce les tabous de notre société. Voilà qui fait un résumé alléchant pour ce livre écrit à quatre mains car Casey Hill n'est autre que le pseudonyme de Mélissa Hill et de son mari Kévin. Reilly Steel, l'héroïne du roman, experte de la police scientifique quitte sa Californie et débarque à Dublin. Formée à Quantico, le célèbre centre du FBI, elle va "apprendre" aux policiers irlandais comment travailler. Très vite, un jeune couple est retrouvé assassiné. Meutre maquillé en suicide mais on ne trompe pas une star de la scientifique telle que Reilly. Bientôt, d'autres meurtres tous plus terribles les uns que les autres vont s'enchaîner. Très vite aussi, le passé sombre et douloureux de Reilly va resurgir. Aidée par les policiers locaux et notamment le charmant Chris, elle mettra tout en oeuvre pour arrêter le coupable. L'écriture des Hill

Opale, Stéphane Lefevre, les nouveaux auteurs

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Opale était dans ma PAL depuis un bon moment. Je l'avais échangé par voie postale avec l'un des miens et c'est une sympathique dédicace que Stéphane Lefebvre m'avait laissée sur l'une des premières pages. Peut-être que ce "pavé" ne m'incitait pas à plonger dedans toujours est-il que j'ai fini par l'ouvrir. Robin Mésange, journaliste pour un petit journal local (Côte d'Opale) capte dans son viseur le suicide d'un malheureux du haut de la falaise du cap Blanc-Nez. L'occasion est trop belle pour lui de s'échapper d'un quotidien lisse et fade. Le journaliste va donc se muer en parfait enquêteur. Dès lors, sa vie va basculer. Tour à tour témoin, victime, suspect, il passera par tous les stades, par toutes les émotions. Il prendra des risques pour découvrir la vérité, parfois sordide, et pour les beaux yeux de la belle. Car comme dans tous les bons romans, il y a bien sûr une histoire d'amour. L'écriture de Stéphane

Mapuche, Caryl Ferey, Gallimard

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Mapuche est mon premier Férey. Cela faisait longtemps que je voulais découvrir cet auteur et jamais je n'avais sauté le pas. Après l'avoir entendu à la radio présenter son nouveau roman, j'ai donc filé à la librairie du coin. L'histoire, pas banale, est celle de Jana, membre d'un peuple indigène de la pampa Argentine, artiste installée à Buenos Aires. Elle survit plutôt qu'elle ne vit dans ce vieux hangar abandonné par celui qui fut le mentor de Jana. C'est aussi l'histoire de Rubèn, rescapé du régime dictatorial, aujourd'hui détective travaillant pour les mères de la place de mai. Jamais ces deux êtres, écorchés par la vie, n'auraient du se rencontrer. Mais c'est dans la crasse et la mort que leurs destins vont se croiser, se lier, se mélanger jusqu'au dénouement dur et violent de ce récit sans concession. En lisant Mapuche, j'en ai appris beaucoup sur l'histoire de l'Argentine des années 70-80. Mapuche est l'un